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L’on remarque deux grands tableaux en assez bon état, l’un paraissant de la fin du xviie siècle, l’autre plus moderne est daté et signé : Pils, 1853.

M. Mareuse dit que ce tableau a figuré au Salon de 1853, où il portait le numéro 933 sous le titre : la Prière à l’hospice. Il représente Marie-Jeanne François, dite en religion Saint—Isidore, religieuse hospitalière de l’ordre des Augustines de l’Hôtel-Dieu do Paris, née le 8 septembre 1795, morte à l’hôpital Saint-Louis le 24 janvier 1853.

M. Tesson ajoute qu’il a été découvert au cours de la visite une pierre tombale portant à l’envers l’inscription : Hospice des orphelins. Cette inscription avait très certainement été apposée en application du décret du 26 juin 1793, qui prohibait d’une façon absolue l’emploi de toute dénomination autre que celle d’orphelins aux enfants qui tombaient à la charge de la nation.

Cette plaque a été brisée, mais les inscriptions des deux faces sont presque entières ; il y a lieu de veiller à sa conservation.

La Commission a ensuite examiné la curieuse inscription encastrée dans un mur de clôture de l’hôpital Trousseau sur la rue de Charenton, tout auprès de la fontaine. C’est un repère de l’inondation de 1710, qui indique la hauteur à laquelle l’eau était parvenue le 25 décembre. En voici le texte en respectant l’orthographe employée :

LANÉ. MILL

CEPT ANT

XXXX LE

. 23. DE BE. LAU

A MONTE ICI.

M. Coyecque avait signalé cette curieuse inscription par une lettre reproduite dans le procès-verbal de la séance du 7 avril 1898. En outre le procès-verbal du 2 juin suivant contient en annexe la reproduction du Plan du cours de la Seine dans la traversée de Paris, relatif aux observations faites par Phil. Buache sur l’étendue et la hauteur de l’inondation du mois de décembre 1740. Ce plan, annexé à un mémoire do l’Académie des sciences (1741), contient la note suivante :

La connaissance de ces hauteurs sera très

utile pour régler la pente des ruisseaux et le rés de chaussée des maisons exposées à l’inondation. Celle de 1740, plus considérable que celle de 1711, est la plus grande qu’on connoisse avec une pleine certitude, et soit en plaçant des Inscriptions, soit en gravant de simples traits aux différens endroits des Places, Quays et autres Lieux, jusques auxquels l’eau s’est élevée, on fournirait un moyen de se précautionner à ; l’avenir contre les suites d’un semblable événement. »

La plaque en question parait avoir été apposée suivant cette indication, comme celle des Quinze-Vingts, et en même temps que la marque 1740 sur l’une des piles du pont Royal. C’est une inscription intéressante qu’il faudrait laisser en place et surveiller. Mais il est à supposer que la suppression de l’hôpital Trousseau sera suivie d’opérations de voirie qui entraîneront la démolition du mur dans lequel la plaque de 1740 est encastrée. Il y aura lieu alors de la faire entrer au musée Carnavalet, où elle n’aura plus, il est vrai, le caractère qu’elle tient de sa place actuelle ; mais, munie d’une indication de cote d’altitude, elle conservera néanmoins le souvenir des préoccupations des autorités parisiennes après la terrible inondation pendant laquelle l’eau était arrivée d’un côté jusque dans l’église Saint-Philippe-du-Roule recouvrant les Champs-Élysées, de l’autre dans le faubourg Saint-Antoine jusqu’à la rue Saint-Bernard et la rue Sainte-Marguerite et sur la rive gauche jusqu’à l’abbaye Saint-Victor.

Il y aurait lieu de prendre une photographie de l’emplacement actuel de cette curieuse inscription et de demander à l’administration de l’Assistance publique de vouloir bien aviser la Commission du Vieux Paris, dans le cas où le mur de la rue de Charenton serait menacé de destruction.

M. Tesson ajoute que la Commission s’est ensuite rendue à l’hôpital Saint-Antoine pour voir s’il ne se trouvait pas quelques vestiges anciens dignes d’être signalés pour la conservation.

L’on sait que l’hôpital Saint-Antoine occupe l’emplacement d’une ancienne abbaye de l’ordre de Citeaux dont l’église du style ogival le plus pur avait été dédiée le 2 juin 1233 en présence du roi saint Louis et de la reine Blanche sa mère.

Cette église renfermait le tombeau de marbre de Jeanne et de Bonne, filles du roi Charles V.