en points par des bornes de fortes dimensions sur lesquelles on a gravé d’une façon très primitive le vaisseau de la ville de Paris. Dans le sentier des Cornettes, sur le tracé de la pierrée Higen-Boudin, on remarque une borne, très enfoncée en terre, auprès de l’entrée d’une maison ; une petite mousse verte s’est incorporée à la pierre, mais laisse néanmoins voir des tracés de rayons dépendant d’une gravure ou d’une sculpture qu’il n’est pas possible de reconnaître en l’état actuel. Du Trou Morin, l’eau est en conduite forcée jusqu’à la fontaine ; au point où la tuyauterie rentre dans les terres sèches, on trouve le regard des Marchais où passe la conduite de fonte qui en cet endroit est munie d’un robinet pour la surveillance des fuites.
Le troisième groupe se trouve sur le revers de la colline de Belleville ; la pierrée de la rue du Bois qui en dépend vient chercher l’eau jusqu’à environ 150 mètres de la source des eaux de Saint-Louis, rue Compans. La construction des fortifications a profondément troublé le système de ce groupe ; néanmoins, les trois pierrées principales fonctionnent encore actuellement et déversent leurs eaux dans le magnifique regard du Maussains et dans celui des Bernages.
Comme il a été dit, la totalité des eaux est réunie à la fontaine du Pré-Saint-Gervais. Celle-ci, dont il a été question précédemment, possède un réservoir de jauge et une cuvette de distribution ; c’est le véritable château- d’eau des Romains.
Trois usagers ont encore leur conduite particulière branchée sur la cuvette de distribution. La fontaine, rebâtie sous Louis XIV, a remplacé le regard primitif sur lequel on voyait un bas-relief représentant la résurrection de Saint-Lazare. Le château-d’eau est le seul vestige encore existant de l’ancienne distribution des eaux de Paris ; il est en très bon état et mérite d’être classé.
Les regards valent une mention particulière : celui des Maussains (l’orthographe de ce mot n’est pas fixée. Le devis de 1612 pour l’aqueduc d’Arcueil porte Mausseings et Maussins. L’ancienne administration des eaux écrit Mossins ; Girard et Belgrand disent Moussins, les plans de la ville portent Mauxins ; mais de vieux titres de famille que j’ai en mains orthographient, suivant le cadastre : Maussains ; je garde ce nom) est tout à fait remarquable. Voici la description qu’en donne Belgrand :
« Le regard des Moussins est le plus important des ouvrages de l’aqueduc. On y accède par un trou pratiqué dans une maigre haie d’épines, en passant au milieu de pans de murs à demi-écroulés : tristes restes du siège de Paris. Le robuste édifice du moyen-âge a résisté et s’élève intact au milieu de ces ruines. Il a en plan la forme d’un rectangle de 5 m. 71 c. de longueur sur 4 m. 75 c. de largeur et sa hauteur sous clef est de 7 m. 67 c.
Sa solide structure lui donne un véritable aspect de grandeur. Le clocheton en pierre de taille qui surmontait la coupole n’existe plus aujourd’hui. On descend dans l’intérieur du regard par un escalier à double rampe composé de 14 marches. »
Un très vieil aqueduc de 28 mètres de longueur emporte l’eau dans la direction de la fontaine. La partie du fond de cet aqueduc est très curieuse : l’accès n’en est pas très sûr, il sera nécessaire certainement de faire exécuter des répartitions.
Dépendant du même groupe, le regard des Bernages retient aussi l’attention ; sa construction est solide et élégante. L’escalier de descente supporté par des consoles en fer forgé est d’un gracieux effet.
Le regard du Trou Morin est très intéressant ; il est plus petit que les deux autres dont il vient d’être question, mais il a néanmoins son importance. 11 a 3 m. 92 c. de longueur sur 2 m. 62 c. de largeur et 4 m. 40 c. de hauteur sous clef. Entièrement construit et voûté en pierre de taille. L’on y descend par un double escalier de six marches. L’eau arrive en abondance, amenée surtout par la pierrée Higen-Boudin ; elle tombe dans un bassin sur la paroi antérieure duquel sont percés vingt trous d’un pouce de diamètre (0, 027). Lorsque l’on veut jauger le débit des rigoles, l’on laisse débouchées le nombre d’ouvertures nécessaires pour que l’eau en coulant se maintienne à 7 lignes au-dessus du centre des trous. Le débit de chaque trou représente alors un pouce fontainier, c’est-à-dire environ 19 mètres cubes en 21 heures.
Le regard des Marchais est un petit édicule. évidemment robuste, mais n’ayant pas l’élégance et la beauté des autres regards dont il vient d’être question. C’est plutôt une logette de laquelle l’on peut surveiller l’état de la conduite qui vient du Trou Morin.
En résumé toutes ces constructions sont fort intéressantes ; elles sont en très bon état L’on ne devra jamais les supprimer totalement ; car, si le drainage qu’elles assurent sur le flanc des collines de l’Est venait à cesser d’exister,