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« L’archéologue de Caumont a reproduit ce passage presque textuellement dans sa Statistique monumentale de l’arrondissement de Falaise, 1850, p. 331.

Il est exact que Michel-Jacques et Étienne-François sont morts à Bons et ont été inhumés dans l’église. Mais il convient de remarquer que l’église de Bons, dont un plan a été donné par de Caumont dans la Statistique monumentale, outre la nef, flanquée de deux collatéraux très étroits, et les deux travées du chœur rectangulaire, ne compte qu’une seule chapelle, constituée par le rez-de-chaussée de la tour du clocher, et qui se trouve à l’extrémité du bras méridional du transept. Existe-t-il réellement un caveau sous le sol de cette chapelle ? À l’intérieur aucune inscription, aucune dalle de grande dimension ; à l’extérieur, aucun soupirail, comme il était d’usage d’en ouvrir dans cette région ; d’ailleurs, l’emplacement habituel des caveaux seigneuriaux se trouvait régulièrement, dans ces pays, du côté de l’évangile, soit à l’opposé de l’unique chapelle de l’église de Bons, enfin, les dalles, de dimensions modestes, qui recouvrent le sol de cette chapelle, ne rendent, quand on les frappe, aucun écho sonore.

D’ailleurs, il est certain que les deux frères n’ont pas été inhumés au même endroit, contrairement à l’assertion de Galeron.

Le corps d’Étienne-François a été déposé dans le chœur ; et, effectivement, on voit encore aujourd’hui au milieu de la première travée du chœur une grande dalle tumulaire, mesurant 2 m. 20 c. de longueur, 1 mètre de largeur et jusqu’à 0 m. 30 c. dans sa plus grande épaisseur ; elle est divisée, dans sa hauteur, en trois compartiments ; celui du milieu porte l’inscription suivante :

 
CY GÎT
haut et puissant seigneur
Étienne François TURGOT
marquis de soumont
seigneur et patron
de cette paroisse, etc.
décédé le 25 décembre 1788 âgé
de 67 ans 6 mois 9 jours
Priez Dieu pour son âme
 

Le compartiment supérieur eût dû, semble-t-il, recevoir les armes du défunt, tandis qu’on eût ajouté, dans le compartiment inférieur, aux larmes qu’on y a seulement gravées, le motif décoratif habituel à cette époque et dans cette région, les têtes de mort et les os qu’on voit sur des pierres tombales d’églises voisines.

Le prétendu caveau de la chapelle n’aurait-il pas été ménagé dans le sol de la première travée du chœur ? D’autre part, Galeron, convaincu déjà de deux inexactitudes, en aurait-il commis une troisième en déclarant que les tombes avaient été ouvertes à l’époque révolutionnaire ? Même dans l’hypothèse de l’extraction et de l’enlèvement des cercueils en plomb, était-il impossible qu’on en eût replacé le contenu, préalablement enfermé ou non dans un récipient quelconque, dans le lieu même de l’inhumation primitive ? et, s’il existait un caveau sous la grande dalle du chœur, était-il défendu de conjecturer que, dans le cas où le corps de Turgot eût été réellement ramené de Paris à Bons, — qu’il eût été ultérieurement exhumé ou non, — il pouvait être déposé dans ce caveau ? Enfin, dans quelle partie de l’église se trouvait la sépulture antérieure de Michel-Jacques ? Ne serait-elle pas dans le caveau supposé ?

J’ai pensé que ces questions se posaient. Les archives explorées, il m’a paru nécessaire, pour ne point laisser l’enquête inachevée, de procéder à des recherches dans l’église de Bons. On a déplacé la lourde dalle du chœur et on a constaté l’absence de caveau ; on a creusé la fosse, comblée de terre mêlée à de nombreux gravois ; quelques ossements ont été trouvés ; la fouille, pratiquée sur la moitié de la longueur de la fosse, dans toute sa largeur et jusqu’à une profondeur de 1 m. 50 c., n’a amené la découverte d’aucun cercueil ; si l’on ajoute qu’une longue pince, enfoncée dans le fond, n’a rencontré aucun obstacle, on peut, semble-t-il, admettre que la tombe d’Étienne-François a été réellement ouverte, comme le déclare Galeron.

Devant le résultat de cette fouille, en l’absence de toute indication documentaire, de toute inscription et de toute dalle d’apparence tumulaire, il fallait renoncer à fixer l’emplacement de la sépulture de Michel-Jacques et, dans le cas de la réalité du transfert, celui de la tombe d’Anne-Robert-Jacques.

J’ai vainement examiné les murs extérieurs de l’église, dans la masse desquels on aperçoit des matériaux de provenance diverse ; la dernière assise du rempart méridional du