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dimension, convenir au but rigoureusement documentaire que nous poursuivons.

Pour terminer cette nomenclature, nous citerons enfin un ouvrage récemment paru : l’Art décoratif dans le vieux Paris, par M. de Champeaux, qui donne d’intéressantes reproductions de motifs d’architecture intérieure et extérieure, mais dans des proportions beaucoup trop restreintes au point de vue du nombre.

Aucun double emploi n’est donc à redouter entre les diverses publications existantes et le portefeuille qui est le but de ce rapport.

Il restait à examiner les cartons d’estampes du musée Carnavalet et à voir ce qu’ils pouvaient contenir au point de vue particulier qui nous occupe.

Le département des estampes du Musée municipal est divisé en plusieurs sections, dont la plus importante est celle qui renferme la réunion des vues diverses d’un même quartier.

Les autres sections sont les suivantes :

Les portraits.

Les modes.

La caricature.

Les faits historiques.

Les portraits d’acteurs et d’actrices.

Les mœurs.

Les cris de la rue.

Les jeux.

Les arts et métiers.

Les menus et invitations.

Les costumes.

Les voitures et chevaux.

Le carnaval et le bœuf gras.

Le mobilier.

Les affiches parisiennes.

En ce qui concerne la première section, la section par quartier, celle dans laquelle nous avions mandat de rechercher si, elle aussi, ne ferait pas double emploi avec la nouvelle section projetée, nous y avons constaté l’absence presque complète des documents en question. Examinant, par exemple, le carton affecté au quartier du Marais, le plus riche assurément de Paris en souvenirs architecturaux, celui qui devrait, par conséquent, renfermer le plus de reproductions du genre de celles qui nous occupent, nous n’y avons trouvé représentés que les monuments de grande importance, tels l’hôtel de Soubise, l’hôtel Salé, la tourelle Barbette, le Temple, la place Royale, qui y figurent pour trente ou quarante reproductions chacun, en gravures, lithographies, dessins, découpures de journaux illustrés, etc. ; mais on y chercherait vainement quelques-uns de ces innombrables motifs d’architecture des xviie et xviiie siècles qui foisonnent encore heureusement dans le quartier ; clefs de portes, clefs de fenêtres, consoles de balcons, appuis de fenêtres en fer forgé, portes cochères, et qui, quoique moins importants que les grands monuments cités plus haut, n’en présentent pas moins un intérêt considérable au point de vue de la décoration et de l’arrangement des maisons, en ces temps de bon goût, et aussi au point de vue du procédé dans les industries de la pierre, du fer et du bois.

Donc, de ce côté également, aucun double emploi possible, puisque rien ou presque rien n’existe encore.

Nous ajouterons que le moment serait peut-être particulièrement bien choisi pour la création de ce portefeuille, à l’instant où le Conseil municipal, apportant sa quote-part à cette idée qui s’éveille d’un art public dans la rue, vient de créer une haute récompense pour les architectes et les entrepreneurs qui dessineront et qui construiront les maisons les plus artistiques et les mieux décorées. N’y aurait-il pas là comme une source copieuse où les jeunes architectes pourraient puiser dans la décoration du passé l’inspiration nécessaire à la décoration de l’avenir ?

Le département des estampes du musée Carnavalet doit, selon nous, prendre le plus d’extension possible ; le chercheur doit y trouver, outre la reproduction de tout ce qui a disparu, celle de tout ce qui, au point de vue artistique et historique, est encore debout à Paris. Et, puisqu’il faut s’incliner devant les nécessités, nous allons dire les exigences de la construction nouvelle, il est juste que les choses du passé nous soient au moins conservées sous la forme modeste de dessin. Le musée Carnavalet, qui est à présent le musée le plus parisien et le plus délicat de Paris, doit donner à son cabinet des estampes toute l’importance qu’il mérite et qu’attendent les nombreux travailleurs qui tous les jours en franchissent le seuil afin de compléter par la vue de l’image le texte lu ailleurs.

L’estampe n’est-elle pas le rayon de soleil qui éclaire le livre et fixe un fait dans l’esprit