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blanche sur la pierre, soit en totalité, soit en partie, plutôt que d’employer un outil quelconque qui détériorerait la surface de la pierre elle-même. Car il vaut bien mieux avoir la vieille surface blanchie que de ne pas l’avoir du tout.

Quand le plâtre enlevé laisse à découvert des saillies, des corniches, des fenêtres, etc., il ne faut pas les recouvrir de nouveau ni les trancher : en général aucun outil tranchant ne doit être employé sur la surface de la pierre ancienne.

En enlevant les déblais, n’enlevez que ce qui a complètement perdu sa forme originelle : mieux vaut avoir une œuvre originale en mauvais état qu’une œuvre d’art nouvelle, si parfaite qu’elle soit.

Évitez spécialement de vous servir de brosses et de couleurs pour mettre en harmonie les vieilles œuvres avec les nouvelles ; il faut laisser aux vieilles œuvres leur teinte caractéristique.

N’enlevez jamais les mousses qui couvrent les vieilles surfaces.

Il faut la plus scrupuleuse exactitude dans le relevé du dessin des moulures, etc., lorsqu’on veut leur ajouter de nouvelles portions, car les traits les plus délicats se trouvent souvent dans quelques endroits peu nombreux ou plus protégés que les autres.

En abattant des parties de murs, il faut bien prendre garde aux vieilles moulures, ou autres pierres travaillées qui s’y trouvent encastrées, et noter la place où on les a découvertes, car d’ordinaire elles occupent une place voisine de celle qu’elles occupaient à l’origine. Si vous trouvez des fenêtres ou d’autres objets qui étaient couverts, n’y touchez pas avant que l’architecte les ait vus. Les tuiles émaillées ou autres anciens pavements doivent être laissés là où on les trouve, autant que possible, et leur dessin doit servir de modèle pour le pavement nouveau. Les restes de monuments anciens ne doivent jamais être remplacés par des parquets en tuiles émaillées, mais doivent toujours rester dans leur place d’origine.


Sculpteurs.


Les conseils donnés aux maçons s’appliquent aux sculpteurs ; mais plus expressément encore, vu que les anciennes sculptures sont encore plus précieuses que de simples ouvrages en maçonnerie. Quand vous avez à travailler à un vieil édifice, subordonnez votre talent et votre imagination à l’ouvrage dont vous êtes chargés, et ne cherchez que la conservation de la sculpture ancienne, sans essayer de la restaurer.


Plâtriers.


Si vous êtes chargés d’enlever un plâtrage, voyez d’abord avec soin, en enlevant ça et là la couche de blanc, s’il y a là quelque vieille peinture, etc., et n’y touchez pas avant de l’avoir fait remarquer à l’architecte, au conducteur des travaux, ou à toute autre personne compétente.

S’il est absolument nécessaire d’abattre un mur couvert de vieilles peintures, il faut procéder ainsi pour les conserver :

On enlève une bonne partie du mur qui est derrière la peinture, et l’on ne laisse qu’une mince couche sous celle-ci, couche que l’on peut consolider avec du ciment et des panneaux de dimensions proportionnées et des cadres de bois. La peinture peut alors être transportée dans un musée.

En règle générale, les anciens plâtrages ne doivent pas être enlevés, mais seulement réparés, quand cela est nécessaire.

Que la couche de plâtre mise sur les vieilles murailles soit très mince et assez peu épaisse pour bien se mouler sur le dessin de la pierre comme dans les travaux anciens. Tout plâtrage doit être de nature à pouvoir être recouvert de peinture décorative.


Charpentiers.


Ne soyez pas trop prompts à condamner un vieux toit ou toute autre charpente. Souvenez-vous qu’il a une valeur tout à fait indépendante de ce qu’il coûterait à être remplacé. Un vieux toit soigneusement conservé au moyen d’épissures ou autrement vaut infiniment mieux qu’un toit en nouvelle charpente copié sur l’ancien. On peut remédier aux plus graves détériorations si l’on considère le toit comme un objet de valeur, et si l’on s’applique à trouver le meilleur moyen de le consolider et de le conserver. Si vous n’agissez pas ainsi, des défectuosités très légères peuvent devenir un prétexte de détruire le plus beau toit ancien.

En règle générale, n’enlevez pas un vieux toit pour le réparer ; mais réparez-le sur place, compartiment par compartiment, et seulement durant les mois de printemps ou d’été.

Par un bon système de prélarts ou autre-