voisins et des amis, quand on va se réjouir avec eux sur le retour d’un enfant absent depuis tant d’années ? Allons donc.
On partit donc ; et on frappait aux fenêtres sur la route, en criant :
— Xavier Prieur est arrivé ! Est-ce que vous ne venez pas le voir, vous autres ? de crainte que les occupants ne fussent pas au fait de la nouvelle.
Une demi-heure après le moment où j’avais franchi le seuil paternel, un grand nombre de voisins étaient réunis chez mon père : peu d’instants après, arrivaient les bonnes voisines, timides et frileuses, la tête et les épaules enveloppées de leurs grands châles de laine.
Je serrai avec effusion la main à tout ce brave monde d’amis ; et, tous ensemble, nous tînmes conversation jusqu’à cinq heures du matin.
— C’est rien que le commencement de ce que vous avez à nous conter, me dirent alors nos voisins, mais le reste sera pour une autre fois ; car vous avez besoin de repos.
J’embrassai de nouveau mes parents ; et, en me retirant dans le cabinet où mon lit était préparé depuis plusieurs jours, je me dis avec un sentiment de bonheur indescriptible :
— Oui, me voilà tout de bon revenu d’Australie !
C’est bien ici mon Canada, ma paroisse natale ; j’y retrouve mes parents, les amis de mon enfance et de ma jeunesse. Ô Dieu plein de bonté, soyez béni !