Page:Premier recueil de diverses poésies tant du feu sieur de Sponde que des sieurs Du Perron, de Bertaud, de Porchères et autres, non encor imprimées, recueillies par Raphaël Du Petit Val, 1604.djvu/23

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Pareil martyre à mon martyre?

Ainsi mon ame repoussee
Paisible à l'abry de son port
Sera desormais balançee
Dans les tempestes de la mort,
Mais sa nef sera la constance,
Et son estoile l'esperance.

Durant ceste triste fortune
La voix de mes gemissemens
A vos oreilles importune,
Y prendra les soulagemens,
Et jusques à ce que je vienne
Belle au moins qu'il vous en souviennent.

Lors me rendant en mille sortes
Tant de plaisirs que j'ay perdus
Tant & tant d'esperances mortes
Tant de biens en vain attendus
Trempes au miel de la presence
Les amertumes de l'absence.


CHANSON


Doux objet de mes desirs,
Charme de mon ame seduite,
Où vous envollez vous si vite ?
Me laissant dans ces desplaisirs
Où vous m'avez ainsi reduite,

Sera-ce donc à ceste fois
Que la cruelle tragedie
Donra ceste entorce à ma vie,
Et que ma languissante voix
Mourra dans l'air esvanouye ?

Ceste offence est hors de pardon :
Car au lieu de prendre les armes