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nitions de la sainte Église. Mais, aussi, je ne crois point me tromper en pensant : 1° qu’elle n’a point décidé que les Chinois sont athées, et que les caractères Thien et 上帝 Chang-ti ne signifient pas le vrai Dieu ; 2° qu’elle n’a point défendu de démontrer que l’athéisme attribué aux Chinois n’est qu’une chimère, et que l’Homme-Dieu est l’objet principal des King chinois. C’est ce qui m’anime à mettre au jour les mystères du Dieu sauveur que j’ai déterrés dans ces King, monuments les plus obscurs et peut-être les plus anciens qui soient venus jusqu’à nous ; et bien que j’aie soixante-quatre ans, j’espère ne point mourir que je n’aie achevé un ouvrage[1] si glorieux à Jésus-Christ et à son Église.

DE PRÉMARE.
Canton, ce 10 septembre 1728.



  1. Nous pensons que le P. Prémare veut parler ici d’un autre ouvrage important de lui, écrit en latin, et dont le manuscrit existe aussi à la Bibliothèque impériale de Paris. Cet ouvrage a pour titre : Selecta quædam vestigia præcipuorum Xan Relligionis dogmatum ex antiquis Sinarum libris eruta. Ce manuscrit, écrit sur papier de Chine, est de format petit in-4o et comprend 330 pages. Il est daté : Cantone, die 21 mai, anno 1725. Il serait donc de trois ans antérieur à la présente lettre. M. Bonnetty a publié dans les Annales de philosophie chrétienne, t. xiv, xv, xvi, xviii, xix (2* série), de nombreux extraits de ce manuscrit.
    Nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer ici, qu’à notre avis, c’est une grande erreur de croire comme le P. Prémare, que l’Homme-Dieu est l’objet principal des King chinois. Nous avons réuni à grands frais, des exemplaires de toutes les éditions les plus importantes de ces mêmes King, éditions impériales et autres, et enrichies des commentaires les plus renommés de toutes les époques. Nous nous proposons de publier une traduction complète de ces King, avec de nombreux extraits des commentateurs, placés dans l’ordre chronologique, afin que le petit nombre qui reste encore des esprits curieux de la civilisation de l’antique Orient, et des anciennes croyances de l’humanité, puisse s’en former une juste idée. (G. Pauthier.)