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Le texte ajoute « qu’il ne faut qu’une pensée pour faire d’un sage un fou, et d’un fou un sage. »

« Si les rois Yao et Chun, dit le Ge-ki, avaient cessé de veiller sur eux-mêmes, dès lors ils seraient entrés dans la voie des méchants. Si Kie et Tchéôu s’étaient amendés, dès lors ils auraient commencé à marcher dans les sentiers de la sagesse. Les méchants ne changent point, dit Confucius, il est vrai, mais ils peuvent changer. Ce n’est que parce qu’ils désespèrent et s’abandonnent eux-mêmes qu’ils ne veulent point s’amender. S’ils le voulaient sincèrement une seule fois, ce serait ce que dit le texte : par une bonne pensée passer de la folie à la sagesse[1]. »

Tsaï Kieôu-fông, parlant de Tcheoû, dit aussi : « Bien que ce malheureux roi fût rempli de crimes, il pouvait encore changer de vie et tourner au bien. C'est pourquoi le Ciel ne pouvait se résoudre à l’abandonner ; il l’attendit pendant cinq ans. — Quelque méchant que soit un homme, s’il se lave de ses crimes (s’il les expie), il peut offrir des sacrifices au Seigneur (Chang-ti[2].) »

8° « Les hommes de ce siècle, dit le Chî-king, sont si méchants, qu’ils s’imaginent que le Ciel s’endort sur leurs crimes et ne prend aucun soin des choses humaines. Sitôt que le jour déterminé sera venu, nul homme ne pourra vaincre le Ciel et lui échapper. Le Seigneur est le Seigneur, et on ne peut pas dire qu’il ait aucune haine[3]. »

Tchou-fàng-tching[4], cité dans le Tching-kiaï, explique ainsi ce dogme important :

« Récompenser les bons et punir les méchants, c’est la conduite ordinaire du Ciel. Si les gens de bien ne sont pas encore récompensés, ni les méchants punis, c’est que le jour qu’il a déterminé n’est pas venu. Tant que ce jour n’est point

  1. Ge-ki, k. xiv, p. 6.
  2. Cette dernière phrase est tirée de Meng-tseu, IIe partie. (G. P.)
  3. Chi-king, livre II, ch. 4, ode 8°. (Pr.)
  4. Tchou fong tching est souvent cité dans le Si-kiang du Tcking-kiaï. J’ai cherché en vain son commentaire sur le Chi-king. Il écrit d’un style net et élégant qui fait plaisir. Le passage suivant est dans le Tching kiaï, ch. xv, p. l7. (Pr.)