Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et que la faveur des Turcs, qui sont extrêmement superstitieux, servirait à le délivrer. Mais quoique le gouverneur même d’Acade eût marqué de l’admiration pour ce qu’on lui racontait, il ne parut pas plus disposé à blesser l’autorité paternelle, en remettant un fils en liberté malgré son père. Ainsi le chevalier, n’ayant tiré aucun fruit de l’artifice, eut recours à la violence. Il trouva le moyen de faire passer une épée à Synèse, et s’étant lié avec quelques domestiques du château depuis le séjour qu’il faisait dans le voisinage, il prit le temps qu’on le visitait dans sa prison pour le seconder avec tant de vigueur, que toute la maison de Condoidi, attirée par le tumulte, ne put empêcher leur fuite. Ils eurent l’imprudence de publier eux-mêmes leur aventure, sans considérer qu’ils risquaient doublement d’être punis, et pour avoir donné un air de religion aux lumières de Synèse, et pour avoir employé la voie des armes : deux témérités qu’on pardonne rarement chez les Turcs. Mais le gouverneur d’Acade, informé des raisons qui avaient fait arrêter le jeune Grec, trouva la rigueur de son père excessive, et se disposa facilement à l’oubli d’une entreprise dont il fit honneur à l’amitié.

C’était au premier moment de leur victoire que le chevalier avait écrit à Maria Rezati. Il avait ajouté qu’ils partaient ensemble pour Raguse, où Synèse avait voulu accompagner son ami, et qu’ils prendraient