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de n’avoir pas mieux profité des occasions que j’avais eues de lui plaire, et de ne l’avoir peut-être amenée en France que pour voir recueillir à quelque aventurier les fruits que j’aurais tôt ou tard obtenus par un peu plus d’ardeur et de constance. Enfin, si la faiblesse de ma santé ne permit point que ma passion reprît son ancienne violence, elle devint proportionnée à mes forces, c’est-à-dire, capable de m’occuper tout entier.

Dans cet état, il ne fallait pas beaucoup d’efforts à Théophé pour me satisfaire. La seule complaisance que je me proposai de lui demander fut d’être souvent dans ma chambre, où la douleur me retenait quelquefois au lit pendant des semaines entières. La nouvelle compagne que j’avais dessein de lui donner avait assez de douceur, avec beaucoup de sagesse, pour s’assujettir à cette habitude et ne rien trouver de rebutant dans la compagnie d’un malade. La seule idée de ce nouveau plan m’offrit assez de charmes pour me procurer un sommeil tranquille.

Mais Théophé m’ayant fait demander dès le matin la liberté d’entrer dans ma chambre, tous mes projets se trouvèrent dérangés par la proposition qu’elle me venait faire. De quelque source que vînt son chagrin, elle avait été si touchée de mes reproches, ou si piquée de l’aventure de Saint-Cloud, que, se faisant un chagrin de tous ses plaisirs et du genre de vie qu’elle menait, elle venait me