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posions onze personnes qui étaient capables de quelque défense. Il restait plusieurs matelots dont la fidélité n’était pas suspecte, et quelques autres passagers aussi intéressés que nous à se garantir des insultes d’une troupe de brigands. La difficulté n’était qu’à nous rassembler ; je pris sur moi ce soin, et, faisant allumer aussitôt plusieurs flambeaux, je sortis bien armé et suivi de tous mes gens à qui je fis prendre aussi des armes. Je joignis sans obstacle tous ceux dont nous avions à espérer quelque secours, et les ayant amenés dans ma chambre, nous nous mîmes en état de ne rien craindre jusqu’au jour. Cependant nos ennemis, qui s’aperçurent de ce mouvement, sentirent bientôt pour eux-mêmes plus de crainte qu’ils ne nous en avaient inspiré. Ils n’étaient ni aussi bien armés que nous, ni en aussi grand nombre, sans compter la terreur qui accompagne toujours le crime. S’imaginant bien qu’au jour il leur serait difficile de résister à nos efforts, ils prirent le seul parti qui pouvait les sauver du châtiment, et ils se hâtèrent de l’exécuter. Avec le secours des matelots qui étaient leurs complices, ils jetèrent la chaloupe à la mer, et ils gagnèrent à force de rames la côte la plus voisine. Leur entreprise ne put nous être inconnue ; mais quoiqu’il nous fût aisé de les mettre en pièces tandis qu’ils faisaient leurs préparatifs, ou de les tuer dans la chaloupe à coups de fusils et de pistolets, je fus d’avis qu’il