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sures, des tabliers pour sa vieille amie. Et d’autres jeunes femmes, jalouses de ce nouveau jouet, apportent elles aussi leur part de charité : un chapeau, une pélerine, des rubans, et l’une offre un corset tout semé de petites roses. La pauton met ses lunettes, accepte les objets, les tourne, les retourne, évalue les tissus : « de la belle soie, bien épaisse, comme la chasuble de Monsieur le Curé ». Elle va cacher tout cela chez elle, sous son lit, à cause des voleurs.

— Mais il n’y a pas de voleurs à Paris !

— Ah ! des fois… si la Céline venait !

Le meilleur moment, c’est le soir, quand arrive Paul pour dîner. On mange sans hâte de bonnes choses qui fument dans des plats d’argent, on boit, on trinque, elle met cinq morceaux de sucre dans sa tasse de café. Puis ils jouent aux cartes pendant des heures, en fumant des cigarettes. Et la naine reprend son tricot ou son livre de prières en dégustant par toutes menues gorgées un verre d’anisette. Béatitude en son corps. Béatitude en son esprit. Paradis magnifique avec toutes ces étoiles lumi-