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du repos, à quoi emploie-t-il les loisirs de son intelligence ? — À suivre des matches de foot-ball ou de cricket. — Quel cas fait-il du philosophe désintéressé ? — Il s’en moque.

Ayant formulé cette conclusion, Gualtero se jugea fort supérieur à cette race de grands imberbes et il cracha trois fois sur le trottoir en signe de mépris. Puis il se rendit chez son patron :

— Monsieur, lui dit-il, je vous prie de me payer mon salaire, car je vous quitte, vous et votre île, inclémente au philosophe.

L’homme étendit sans s’émouvoir le bras vers sa caisse et lui compta ses guinées et ses shillings.

— Adieu, fit-il, et bonne chance.

Gualtero sortit noblement de la boutique, rentra chez lui et décida de prendre le premier train pour la France. Il réfléchit bien qu’il ne savait pas un mot de la langue française, mais ne s’inquiéta pas pour si peu.

Le lendemain, il débarquait à Paris, gare du Nord, et louait une chambre à trente francs par mois, dans un hôtel du quartier. Il y déposa son paquet et s’en alla sur-le-champ flâner dans