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d’écaille attendu qu’il tressait sa natte avec ses doigts, que ses mains étaient des éponges suffisantes, qu’il ne savait pas chanter et que les demoiselles lui importaient peu, parce qu’il se piquait d’être philosophe. Cependant, tout en parlant, il ne perdait pas de vue le paquebot ni la passerelle du commandant, car il savait à quoi s’exposent les distraits et il redoutait d’être « enchaîné et jeté dans le navire comme le vil bétail ». Il balança quelques moments s’il ne poursuivrait pas son voyage par terre et pensa qu’il serait doux de visiter la patrie de ses illustres modèles. « Mais non, se dit-il ensuite, je me dois d’abord au pays de mon père et de mes ancêtres. » Il réembarqua pour Gênes et de là pour Lisbonne où il n’y avait, à cette époque, ni tremblement de terre, ni révolution, mais seulement beaucoup d’honnêtes commerçants en vin de Porto.

Gualtero vécut parmi les petites gens du bas de la ville, sur les bords du Tage. La plus belle partie de son temps s’envolait en promenades savoureuses. Il allait, sophisticaillant avec lui-même, notant ses pensées sur les marges de