Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.

confondre. Quelquefois elle s’interrompt pour répéter ce nom : Alphonse… Alphonse…

Tous les jours sont des dimanches. Elle passe sa plus belle robe. Ensuite elle descend jusqu’au cabinet de toilette de Suzon et là, dans un tiroir, elle prend le bâton de fard. Sur les lèvres d’abord, un trait rouge, large, baveux ; puis, aux joues, un vernis de pommes très mûres et souvent aussi sur son front, qu’elle trouve pâle. Longtemps elle a étudié la manière de se servir du crayon noir. Suzon s’en touche légèrement les yeux, à ce qu’il semble, ou bien ne serait-ce pas les sourcils ? La naine, qui n’en a plus, se décide à s’en rendre, et ceux-là sont énormes, inégaux et joints, comme chez les irascibles. Ainsi parée, avec un ruban de couleur dans les cheveux lissés à la salive, elle attend. Et les belles heures anxieuses commencent.

Mlle  Augustine, une fois, a dit :

— Vous devriez vous marier tous les deux.

Et Alphonse :

— Je veux bien, cré mâtin ! Nous ferions une belle paire, hein, pauton ?