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et de L’Honneur et l’Argent, ne devait pas tarder à mourir l’année même de l’Exposition universelle de 1867, à peine âgé de cinquante-trois ans, en pleine possession de son beau talent.

À ce moment mon père fut nommé juge de paix en Normandie. Nous quittâmes Paris, et je me souviens qu’avec la fougue et l’ardeur de mes seize ans, je me révoltais contre le destin qui fauchait ainsi les meilleurs en pleine production.

Plus tard, hélas ! le même sort était réservé à mon père qui mourait à cinquante-neuf ans, en laissant inachevés ses grands travaux historiques. Il y a sept ans j’ai rencontré le fils unique de Ponsard à Ax-les-Thermes, dans les Pyrénées, et c’est avec une poignante émotion que nous avons revécu ces heures lointaines dont sa jeunesse lui avait en partie, épargné le souvenir…

Et voilà pourquoi j’aime Paris ; chaque rue, chaque maison presque, évoquent en moi les souvenirs tristes ou doux de mon enfance, et il suffit d’un rien, d’une note de journal, d’un geste, pour qu’ils accourent en foule, se présentent à ma mémoire et battent le rappel sur mon cœur tout meurtri des luttes et des deuils de la vie !

Et maintenant surtout n’allez pas craindre que je prenne des vessies pour des lanternes !