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salue au passage, avec une pointe d’attendrissement, sa jeunesse défunte et l’espoir de son pays ; la maternité encore en bouton !

Tout ce petit monde sort de chez Rœdfern, de tous les grands magasins à la mode du quartier, et tenez pour certain que ce sont les sages, les vertueuses qui sont là, qui viennent déjeuner frugalement à l’ombre des grands arbres. Celles qui vont déjeuner dans les petites crêmeries, les marchands de vins du quartier pour une pièce de trente sous, — la moitié de leur journée — ont un amant pour pouvoir subvenir à d’aussi folles dépenses. En général elles sont seules alors, plus chez les parents, et l’amoureux paye aussi la chambre. Ça coûte moins cher et c’est plus fidèle qu’une cocotte !

Mais je reviens à la Terrasse, allez-y en ce moment, de midi à une heure, tous les jours et vous en remporterez une vision de jeunesse, de gaîté et de bonne humeur, qui sera comme un rayon de soleil dans votre existence agitée de Parisien.

Elles sont jolies à croquer toutes ces petites Parisiennes, toutes ces midinettes, que le dur labeur des ateliers n’a pas encore eu le temps de flétrir et de déformer : elles ont vingt ans ! Seuls les philosophes les admirent et les moineaux les aiment, car les troupiers qui passent aiment mieux les nourrices plantureuses…

Comme mon vieux Paris est toujours amusant, même en temps d’exposition et sous la canicule !