Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 55 —

— C’est bien simple. Vous savez combien les moineaux sont feignants ; eh bien, un jeune ménage de moineaux est venu de suite occuper l’appartement vide ; c’était de l’ouvrage toute faite.

Ah ces coquins de merles ! Ils se battent au printemps deux par deux, sous les taillis ; quand on a le temps d’observer ça, s’est curieux.

— Tiens, je ne savais pas les merles si méchants.

— C’est pas qu’ils soient méchants, mais ils y sont quasiment forcés ; il y a trois ou quatre fois plus de mâles que de femelles… alors, vous comprenez, celui qui veut une compagne, il faut bien qu’il mette hors de combat ses rivaux.

Et reprenant avec une pointe d’émotion et d’affection sincère pour les hôtes du parc :

— Ah oui, monsieur, les pigeons, les moineaux, les merles sont gras, mais que voulez-vous ils sont bien nourris ici, à la journée, par les passants, les enfants qui leur jettent du pain… et puis ce sont tous des enfants du parc, ces oiseaux, ils sont nés ici. Vous avez vu le soir comment les branches des grands arbres sont noires des milliers de moineaux qui viennent s’y jucher, serrés comme des glanes d’oignons ; eh bien y en a d’autres, soit des moineaux, soit des ramiers qui logent dans les hôtels du voisinage, dans les cheminées, dans les futaies des jardins, sur les toits où ils se trouvent plus tranquilles et qui ne viennent dans le parc que dans le jour… à force de vivre au milieu des hôtes du parc, allez, monsieur, on finit par surprendre leurs mœurs et leurs habitudes.