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du coup, toutes proportions gardées, elle devint vivante, mouvante et animée qu’aujourd’hui, c’est-à-dire la première gare du monde.

Lorsque l’on avait monté les larges marches de l’entrée, on se trouvait dans une salle qui paraissait grande pour époque, et le double escalier qui menait aux salles d’attente était fort gracieux, quoique aujourd’hui il ferait l’effet d’un escalier joujou.

Sur le côté droit, on se trouvait de plain-pied avec la rue d’Amsterdam et l’on allait faire enregistrer ses bagages dans une longue salle moitié voûtée, le long de la rue d’Amsterdam, dont une partie a été conservée et transformée aujourd’hui en café.

Par une belle matinée de printemps, alors que nous habitions le boulevard Montparnasse, au 130, près la rue Campagne-Première, nous avions, mon père, ma mère, ma jeune sœur et moi pris un fiacre ou deux pour venir à la gare, afin d’aller passer l’été, comme chaque année, dans notre petite maison de Verneuil-sur-Seine, en face Triel.

Cela devait se passer aux environs de 1862. J’avais donc dans les onze ans et ma sœur, tenue par la bonne, dans les quatre ans et comme mon père avait pris ses billets et faisait enregistrer une foule de malles et de menus bagages, comme il arrive pour d’honnêtes gens qui vont passer six mois aux champs, l’enregistrement était long. L’employé qui pesait se perdait dans les poids et