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petite chapelle à l’usage des religieuses de l’ordre de Marie-Joseph, dont j’aurai à parler plus tard ; et, sur le petit entablement, ou marche en bois, qui est le long de la fenêtre, en bas, on voit le trou formé par le pied de saint Vincent de Paul ; un brave gardien me l’a fait voir et, ma foi, si vous ne croyez pas à la légende, allez y voir. Pour mon compte, j’avoue que ça me laisse assez froid, aussi froid que sa maison et son fameux chêne, aujourd’hui bien malade, que je suis allé voir dans la campagne des environs de Dax, dans les Landes. Il paraît que ce saint aimait les voyages.

Dix ans après la Révolution, Saint-Lazare devient une prison pour hommes ; on sait comment Beaumarchais y fut enfermé ou plutôt jeté brutalement, sans motif, et que ce n’est que sous le coup de la rumeur et de l’effervescence publique, que l’on fût bien obligé de le relâcher trois jours plus tard.

Le 13 juillet 1789, la veille même de la prise de la Bastille, le couvent fut pillé parce que les Lazaristes y avaient entassé des quantités de provisions, alors que le peuple mourait de faim. Toujours charitables ces bons moines ! naturellement il y eut du désordre et le quartier faillit être incendié.

Transformé en prison, Saint-Lazare reçut un grand nombre de suspects et tout le monde a dans la mémoire et je dirai dans l’œil le beau tableau de Ch. Muller qui a peint une des sombres salles