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ver M. Rochefort pour qu’il me fasse une belle annonce pour vendre mon restaurant et ma maison ; avec deux ou trois calembours, ça ira tout seul.

— Pour ça, vous ne pouvez pas mieux tomber !

Et maintenant, qu’il me soit encore permis d’adresser un dernier adieu ému à cette vieille prison de Sainte-Pélagie, à ce pavillon des Princes où l’on s’amusait encore parfois.

— Oui, Monsieur, un soir, me disait Jean Goujon la semaine dernière, j’ai attrapé avec ces messieurs la plus jolie cuite de ma vie ; il y avait sept journalistes, deux dames et votre serviteur… je me suis réveillé le lendemain matin dans mon lit, et je n’ai jamais su comment…

— Un dernier adieu aussi à ces directeurs justes et paternels, comme Constant Lefébure, à ces vieux murs noircis par le temps, car, à l’heure présente, avec le vent de réaction qui souffle, rien ne prouve que bientôt nous ne serons pas traités, nous les pauvres journalistes, hommes de lettres, philosophes et penseurs, comme de vulgaires malfaiteurs dans le beau palais que l’on vient, paraît-il, de nous préparer à la Santé.

J’ai visité, cette semaine, en détail, la prison neuve, cossue et superbe de Fresnes ; j’ai admiré le vernis impeccable des cellules, au point de vue de l’hygiène, et, cependant, involontairement, comme un vieux routinier, je suis attendri en pensant que l’on va démolir Sainte-Pélagie, cette prison de famille, qui me rappelait toujours involon-