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milieu et à cette hauteur. Voici le poêle, les chaises, des tablettes le long des murailles, une table, presqu’un mobilier complet quoi, pas de prince cependant, malgré l’appellation fallacieuse du pavillon ! mais ne chicanons pas pour si peu.

Ici, le long des murs, et plus que jamais dans l’embrasure des fenêtres, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, les noms fourmillent ; beaucoup sont inconnus, un certain nombre sont restés célèbres ; tous sont respectables, puisqu’ils ont combattu et souffert pour la liberté et la justice. Aussi est-ce avec un sentiment d’envie et d’admiration que je les déchiffre : Pinard, Raoult Rigault 1869, Gabrielle Deville 1876, Malato, à la voix de pensionnaire de la chapelle sixtine, le pauvre ! Chapoul 1878, Philippe Dubois, déjà nommé — un récidiviste, alors ! — Bolâtre, du temps où il était l’homme à faire la prison aux Droits de l’Homme — les premiers — en 1876 ; il avait à cette époque un frère employé à la Société Générale qui était très fier d’avoir un frère dans le journalisme, pour faire de la prison comme gérant — on fait ce que l’on peut. — Autrefois c’était un très bon métier d’être gérant et de faire de la prison, surtout lorsque l’on avait une famille, des enfants à élever, car alors il était de tradition d’avoir double paye pendant le temps passé à Sainte-Pélagie. Et c’est ainsi que de pauvres diables étaient fort heureux de séjourner au Pavillon des Princes, cela les élevait en grade aux yeux du populo et, comme appointements, ça comptait