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maisons de cette place, il y fut bientôt découvert et transféré à l’hôpital militaire de Versailles. Après bien des souffrances il mourut le 20 juin 1871.

« J’eus l’occasion de connaître les principaux membres de la Commune ; ce n’étaient pas les premiers venus, quelques-uns étaient des écrivains distingués. Ces vaincus étaient-ils les précurseurs d’une organisation sociale que l’avenir se réserve ?…

« Il ne faut pas oublIer qu’il est suspendu au-dessus de notre tête l’éternel problème du prolétariat, qui est loin d’être résolu et qui devient de plus en plus pressant… »

Après ces sages paroles d’un vieux directeur, blanchi sous le harnois et qui ont d’autant plus de poids qu’elles sortent de la bouche d’un aimable philosophe revenu par métier de bien des illusions sur le cœur humain et sur les petites passions des grands hommes d’ici-bas, il me semble que je ne dois plus avoir grand chose à ajouter.

Si je voulais rappeler ici tous les souvenirs des derniers détenus et me livrer à l’appel des condamnés il me faudrait un volume. C’est ainsi, que l’autre jour encore, Camille Pelletan, en sortant de la Société des Gens de lettres, me rappelait comment son père avait occupé, en 1863, la plus belle des chambres du pavillon des Princes. Alors, on invitait tous les amis du dehors à dîner et l’on faisait des noces à tout casser dans la sombre prison.