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ciergerie qui, alors, était le vestibule de la guillotine.

« Aujourd’hui, la prison de Sainte-Pélagie est occupée par un grand nombre de condamnés correctionnels, et deux corps de bâtiment sont réservés aux détenus politiques.

C’est vers le milieu du second Empire que la direction de cette prison me fut confiée.

« L’administration pénitentiaire, comme toujours elle l’a fait, y avait établi un régime tout particulier en faveur des condamnés pour délit de presse. Ils n’étaient point astreints au travail des ateliers, ils avaient le droit d’aller et de venir dans toutes les parties des bâtiments qui leur étaient affectés.

« Ils avaient le privilège de désigner les personnes, parents ou amis dont ils désiraient recevoir les visites. Ils jouissaient de toutes ces facilités et même, quelquefois, ils obtenaient l’autorisation de quitter la prison pour vaquer à des affaires d’intérêts ou de famille. Je me souviens même d’avoir reçu l’ordre de laisser sortir l’un des détenus pour aller présenter ses hommages à la princesse Mathilde qui donnait une soirée.

« Les condamnés pour complot ou autres faits politiques, jouissaient de ces faveurs, sauf quelques restrictions que leur situation judiciaire nécessitait.

« Il n’était pas possible de pousser plus loin les mesures clémentes à l’égard d’individus condamnés par les tribunaux. Cependant, il arrivait fré-