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l’Empire, avec une rare violence et une égale mauvaise foi dans une polémique de presse. L’action était d’autant plus mauvaise qu’il était vraiment pénible de voir des républicains s’attaquer ainsi à propos de questions purement littéraires.

Rochefort n’a été à Sainte-Pélagie que plus tard, à la veille de la guerre, et alors que Lefébure était directeur de la Santé ; de son temps la Grande Sibérie était inconnue, de nom, bien entendu.

Si j’insiste sur ce point, c’est parce qu’il est capable de préciser des dates au point de vue de l’incarcération des hommes politiques ; naturellement, le directeur avait beaucoup moins de mal avec les écrivains qu’avec les conspirateurs qui se plaignaient toujours dans les quelques journaux indépendants de l’époque, comme le Siècle par exemple, quoiqu’il les traitât avec une grande douceur et une bonté jamais lasse, et cela se comprendra d’autant plus facilement qu’il était lui- même un philosophe et un lettré, jeté, par les hasards de sa destinée de fonctionnaire à la tête de cette prison.

Les écrivains recevaient qui ils voulaient, ils avaient même la permission de sortir quand ils le demandaient à la Préfecture de Police.

Cependant cela ne veut pas dire que le séjour de Sainte-Pélagie ait jamais été très récréatif ; cet ancien couvent, avec ses grands corridors et ses cellules sombres a toujours produit une singulière impression sur ceux qui y furent logés obligatoirement pour la première fois.