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connu et aimé de tous les vrais républicains ; Clemenceau, Eugène Pelletan, Chérer, Laurent Pichat qui était un vieux camarade de lettres de mon père ; Longuet, Naquet, Castagnary, Eudes, Clément Duvernois qui depuis… ; Ranc, Peyrat, Accolas, Cluseret, toujours jeune ; Rochefort, Paschal Grousset, et même Cantagrel en 1872, sous Thiers, etc., etc.

Comme on le voit, tous les journalistes qui ont été grands par leurs convictions républicaines et par leur honnêteté, ont passé par Sainte-Pélagie à la fin de l’Empire et rien ne prouve que nous ne soyons pas à la veille de revoir aujourd’hui une période aussi douloureuse, aussi sombre pour la démocratie.

M. Constant Lefébure dont je parlais tout à l’heure et qui avait été directeur de prisons politiques à Paris, depuis 1848 jusqu’à sa retraite, prise il n’y a pas encore bien longtemps, avait été directeur de Sainte-Pélagie, au milieu de l’Empire, pendant douze ans, et ensuite il devait rester quatorze ans à la tête de la Santé, y traverser dans des conditions particulièrement dramatiques tous les événements de la guerre et de la Commune, et finalement y être mis à la retraite, sans même, chose à peine croyable, avoir reçu la croix pour près d’un demi-siècle de services aussi impartiaux que pleins de tact ; au fait, cette dernière constatation en est peut-être la meilleure explication.

De son temps les détenus politiques étaient divisés en deux catégories : les conspirateurs et les