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et ça ne se comprend plus du tout. Aussi, lorsque des étrangers, sur la foi de leur Baedeker ou autres guides, viennent pour visiter le dit jardin et qu’on leur montre ce qu’il en reste, ils demeurent simplement babas ; surtout ceux qui viennent de Rome !

Cependant lorsque l’on cherche bien sur le côté à gauche, devant l’aile nouvelle, on voit au coin un marronnier jeune et verdoyant :

Et s’il n’en reste qu’un je serai celui-là !

C’est ce marronnier que les guides font admirer triomphalement aux Anglais qui débarquent à Paris !

Si je suis bien informé, il est même question d’organiser des trains de plaisir pour permettre aux étrangers des cinq parties du monde, sans compter les deux pôles, de venir le contempler, et comme on craint que les Anglais ne veulent tous remporter une feuille de ce dernier témoin des âges révolus, il paraît qu’il est question de le faire entourer d’une grille protectrice. On affirme même qu’une pétition serait remise incessamment à M. Dujardin-Beaumetz — un nom de circonstance — pour le faire classer comme arbre historique !

Il paraît même que le marronnier du 20 mars, au jardin des Tuileries, est absolument furieux de se voir ainsi dégoté par le marronnier du jardin de la Bourse !

Rien d’étonnant à ce qu’il fasse maronner quelque confrère !