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de fin d’année de 1847 à 1852. Perte irréparable ! Que vais-je devenir ?

Il s’en alla, désolé. Deux heures plus tard, il réapparaissait, escorté d’un menuisier, d’un serrurier. Pendant trois jours entiers, la scie grinça dans la garçonnière de la rue Clauzel ; on voyait, derrière les vitres, rougeoyer des feux de forge. On eut enfin l’explication de ces phénomènes. M. D… avait fait établir pour ses volumes des caisses de chêne massif, rivées au mur, où il les enfermait par paquets de vingt et qu’il avait scellées comme autant de cercueils, en y faisant couler du plomb liquide.

À présent, M. D… a recouvré le repos. Il ne craint plus les larrons. Et il continue d’empiler dans sa nécropole les revues de fin d’année, les joyeux vaudevilles et les mélos de l’époque romantique. L’activité qu’il déploie entretient sur ses joues les couleurs de la santé. Il vient d’entamer son cent onzième mille. Le roi n’est pas son cousin.

Cette fois mes souvenirs personnels ne sont pas compliqués, mais ils sont amusants ; à la lecture de cette note, je m’empresse de lui porter rue Clauzel mon unique pièce de théâtre, une simple traduction du baron de Holberg, l’Affairé. Mais le concierge me dit :

M. D… n’habite pas ici, mais bien rue Auber no… ; je m’y précipitai, ma pièce fut reçue avec joie, mais je ne puis visiter la fameuse collection. Le propriétaire avait évidemment peur