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INDUSTRIE DES ÉCRASÉS

un nouveau métier. — les petits profits de la profession. — comment un homme ingénieux gagne toujours sa vie.


Les journaux publiaient dernièrement un petit filet dans le goût suivant, filet qui n’a pas été suffisamment médité par les lecteurs bénévoles :

En ce temps de records de tous genres, il en est un très spécial, qui probablement est détenu par un certain Édouard Grignon, marchand des quatre-saisons : c’est le record de l’accident volontaire.

En deux ans, Grignon n’a pas été écrasé moins de dix-sept fois. Quand on dit écrasé, c’est une manière de s’exprimer, car, à cette heure, Grignon se porte le mieux du monde.

À l’encontre des gens dénués de chance qui, tombés sous les roues d’une automobile, d’un tramway, d’un camion ou d’un fiacre, sont demeurés estropiés ou malades et sans ressources pour leur vie entière, Grignon a trouvé presque la fortune dans la série multiple des accidents dont il a été victime.

Comme par hasard, chaque fois que le malheur le plaçait sous un véhicule, il avait de nombreux