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organique, comme la plupart des honorables industriels qui se livrent au commerce des vins, ce dont je ne saurais les blâmer. Je constate seulement en historien fidèle.

Et attentifs, suspendus à ses lèvres, les hommes qui l’écoutaient, bouche bée, dans leur syndicat, burent en silence ses paroles ; on aurait entendu voler une coccinelle et même un pick-pocket !

Ayant rassemblé ses esprits, ce qui est naturel chez un marchand de vins, il commença en ces termes, — les termes du propriétaire :

— Oui, mes chers amis, voyez à quoi tiennent les destinées et même la fin des crises agricoles et économiques les plus aiguës. C’est tout à l’heure, lorsqu’un collègue lança cette phrase claironnante : Aux grands maux, les grands remèdes ! que je me suis écrié : Eureka ! ce qui signifiait dans la langue de cette bonne madame Pénélope : J’ai trouvé !

Oui, j’ai trouvé. Je ne vous rappellerai pas comment nous en sommes réduits, depuis trop longtemps hélas ! à vendre notre liquide à dix centimes et même moins, le litre. C’est la misère. Eh bien, le problème se pose de la sorte : il faut trouver le moyen de vendre dix francs le litre aux bonnes poires ce qu’elles refusent de nous acheter aujourd’hui deux sous.

Comment ? C’est bien simple, en leur faisant croire que le vin devra renfermer des microbes bienfaisants et est la panacée universelle qui guérit toutes les maladies.