Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 249 —

vait s’enorgueillir, à bon droit, de posséder le dernier vignoble parisien.

Mais bientôt lui aussi ne sera plus qu’un souvenir.

En effet, les anciens magasins centraux de la Guerre et leurs annexes qui couvraient, au Gros-Caillou, entre la gare d’Orsay, la rue de l’Université, l’avenue Bosquet et la rue Malar, une respectable superficie de 24, 833 mètres superficiels, vont disparaître.

Or, la moitié, à la fin de l’année dernière 1907, était encore couverte de vignes et je suis persuadé que la plupart des naturels de la capitale ignoraient totalement l’existence de ce dernier vignoble lutécien, si j’ose m’exprimer dans cette forme archaïque qui, chez moi, est la manifestation d’une émotion bien facile à comprendre.

Jusqu’à la fin de son existence ce vénérable vignoble donnait aux soldats et aux ouvriers militaires une espèce de petit ringlet, de picolo pétillant, pas du tout indifférent, comme dit l’autre et parfaitement capable de faire la pige à celui d’Argenteuil — les asperges ou les escargots, comme il vous plaira.

Les lignards ne le connaissaient que sous le nom pittoresque de château gros caillou ! Et ce n’était déjà pas si bête, car avec un peu de bonne volonté on pouvait bien lui trouver un léger — oh ! combien léger goût de pierre à fusil.

Dans ces dernières années l’oïdium et le phylloxéra avaient dévasté le vignoble citadin —