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primer les drogues des premiers et les simagrées coûteuses des seconds.

À cette époque, déjà lointaine, je ne me souviens plus si la maison du père Gaillard avait seulement un numéro ; aujourd’hui ce serait le no 23 ou 25 de l’avenue Mac-Mahon.

Il fallait le voir avec sa bonne tête avec ses cheveux ébouriffés, gris, pas encore blancs, toujours gai, toujours travailleur, avec son tire-pied sur les genoux et son tire-point à la main.

Il était plein de bon sens et de douce philosophie ; comme j’habite les Ternes depuis tantôt vingt-trois ans, en passant j’entrais volontiers faire la causette chez ce vieux vétéran de la Commune, et une secrète sympathie nous unissait car, pas plus que moi, il ne croyait à la sincérité de nos hommes politiques.

Nous n’aurons jamais la République que de nom, parce que ce sont tous des farceurs, disait-il, et naturellement j’opinais du chapeau — je ne porte jamais de bonnet !

Comme c’est toujours vrai et comme le père Gaillard avait raison de professer ce profond scepticisme à l’égard de tous nos bons politiciens, tous des fumistes !

Comme je l’ai conté au commencement de ce volume, les caves d’une petite maison d’un de mes oncles, au 93 du boulevard Gouvion-Saint-Cyr, avait servi de refuge et de quartier général pendant toute la commune, à Rossel et à son état-major, et lorsque la conversation tombait sur cette