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peine arrivé, il tombait malade et mourait en rentrant, à quarante et quelques années à peine.

Tous ces souvenirs me sont revenus à l’esprit en lisant de lui dans un journal le joli sonnet suivant :


LE VIEUX POÈTE

Les grands comédiens de l’hôtel de Bourgogne
Ayant avec Corneille un gain faible et peu sûr.
Car, depuis Pertharite, il est toujours obscur,
Représentent Quinault adoré sans vergogne !

Corneille… À ce nom là tout le parterre grogne ;
Et le marquis répète : — Oh ! ce style est trop dur !
Qu’on nous donne Racine et si tendre et si pur.
Sombre, le vieux lutteur s’épuise à la besogne,

Il appelle Rodrigue, il invoque Cinna,
Et sous ses doigts glacés il n’obtient qu’Attila…
Mais ce soir son visage a pris un air de fête,

Il lève en souriant son vaste front penché,
La flamme a rejailli et le divin poète
Vers le palais d’amour accompagne Psyché.


Pauvre Eugène Bertin ! Que la terre ou la mer — car je crois bien qu’il a été jeté à la mer — lui soit légère, car il a beaucoup aimé et chanté les femmes et il restera comme un des poètes aimables de la fin du XIXe siècle, ce qui est bien déjà quelque chose.