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miner par la proclamation de la République d’Haïti et l’abolition de l’esclavage, au lieu de se mettre du côté de ses compatriotes, est resté du côté du tyran, du côté du mari de cette Joséphine, de cette créole qui avait l’horreur des noirs et des gens de couleur.

En Haïti, aujourd’hui on considère le général Dumas, comme un traître à son pays et sans aller jusque-là, on ferait infiniment mieux, du moins, de jeter le voile de l’oubli sur un général noir qui n’a pas même eu le courage de défendre sa couleur, sa race et son pays contre un tyran qui représentait alors le grand chef des négriers, puisqu’il ne voulait pas abolir l’esclavage.

Puisque je parle de noirs, cela me ramène à la côte d’Afrique. Vers 1885 j’étais attaché un instant au ministère de la Marine et des Colonies pour organiser, entre autres choses, l’exposition d’Anvers, lorsque j’y fis la connaissance d’un bon gros garçon réjoui, très mondain, célibataire, qui faisait de jolis vers amoureux qu’il allait réciter chez la femme de son ministre et dans les salons à la mode. Il avait la manie de collectionner les décorations et c’était — tout le monde latin reconnu — Eugène Bertin.

Je suis entré moi-même au XIXe siècle, avec About et Sarcey et je l’ai perdu de vue, lorsqu’un soir, à un dîner commémoratif de la Nouvelle Gaule, je l’ai retrouvé rayonnant. Il venait d’être nommé gouverneur à la côte Occidentale d’Afrique, à la Nouvelle-Guinée, si j’ai bonne mémoire. À