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cinquante fautes — l’impératrice, il est vrai, atteignit le chiffre quatre-vingt-dix !

« Pour parler sans ambiguïté, ce dîner à Sainte-Adresse, près du Havre, malgré les effluves embaumées de la mer, malgré les vins de très bons crus, les cuisseaux de veau et les cuissots de chevreuil prodigués par l’amphitryon, fut un vrai guêpier.

Quelles que soient, quelqu’exiguës qu’aient pu paraître, à côté de la somme due les arrhes qu’étaient censées avoir données la douairière et le marguillier, il était infâme d’en vouloir pour cela à ces fusiliers jumeaux et mal bâtis, et de leur infliger une râclée alors qu’ils ne songeaient qu’à prendre des rafraîchissements avec leurs coreligionnaires.

Quoiqu’il en soit, c’est bien à tort que la douairière par un contre-sens exorbitant s’est laissé entraîner à prendre un râteau, et qu’elle s’est crue obligée de frapper l’exigeant marguillier sur son omoplate vieillie.

Deux alvéoles furent brisées, une dyssenterie se déclara, suivie d’une phtisie.

Par saint Martin, quelle hémorragie s’écria ce bélitre ! À cet événement, saisissant son goupillon, ridicule excédent de bagage, il la poursuit dans l’église tout entière. »

On sait que de tout temps les grands de ce monde ont mis une certaine coquetterie à afficher leur ignorance, et pour cause ; parce qu’ils ne pouvaient pas faire autrement ! Mais il faut avouer que cette dictée était raide et j’avoue que, pour