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mais jusqu’à son mariage aucun scandale ne l’a signalé. C’est de ce mariage malheureux que datent toutes ses extravagances. Assidu de la famille de Montreuil, il aime Louise, mais les Montreuil le destinent à Renée-Pélagie, qu’il épouse. Alors, dit M. d’Adméras, « il se rejeta avec une sorte de fureur dans cette vie de plaisirs qui lui semblait, dans la détresse morale où il se trouvait, une vengeance très légitime et une revanche. Il se remit à faire des dettes.

« Il eut non seulement comme les autres du mépris, mais une véritable haine pour ces femmes vulgaires, niaisement vicieuses, incapables de guérir la plaie qu’il avait au cœur, courtisanes et actrices qui étaient souvent jolies, quelquefois aimables, mais à qui ne pardonna jamais de n’être pas Louise de Montreuil. »

Pour moi, voilà tout le secret de sa vie, secret touchant entre tous, et il y a loin de là à la légende absurde que l’on a créée autour de la vie et de la mémoire même du pauvre marquis.

Plus tard, il arrive à enlever sa belle-sœur Louise et à s’enfuir avec elle en Italie ; mais bientôt il est incarcéré à Milan, et c’est sa femme qui prépare son évasion et c’est alors qu’il envoie au gouverneur une lettre célèbre qui est un véritable chef-d’œuvre d’esprit.

Encore une fois je ne puis pas écrire ici l’histoire du marquis de Sade ; mais ce qui est bien certain, c’est que l’amour et le dévoûment de sa femme et de sa belle-sœur n’auraient pas été si