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piratrice du sonnet qualifié « d’adorable » par Sainte-Beuve.

« On ne la connaît pas, cette femme, 1878 Théodore de Banville. Non, on ne la connaît pas, et il ne faut pas qu’on la, connaisse. Ceci est encore l’éternelle justice. Comme elle n’a pas deviné l’amour chaste et résigné du poète, comme elle ne lui a donné ni une consolation ni un sourire, il faut aussi qu’elle ne marche jamais sur le tapis triomphal qu’il avait étendu devant ses pieds dédaigneux. Nul ne peut lui reprendre l’immortalité qu’elle a reçue ; mais, tandis que la lumière des étoiles rit et se joue sur sa robe de fiancée, son visage restera inconnu et voilé d’une ombre éternelle… »

Depuis l’époque où Banville préfaçait ainsi les Heures perdues, des curieux d’anecdotes ont dirigé de ce côté leur effort. On crut d’abord que les vers étaient adressés à Mme  Victor Hugo, mais les survivants du romantisme démontrèrent que c’était une légende. On sait maintenant que la dédicataire du sonnet fut Mme  Mennessier, née Marie Nodier.

Arvers l’avait aimée jeune fille, il avait même épouser, mais il se laissa devancer, et songé à l’épouser, mais il se laissa devancer, et quand Marie Nodier fut mariée, il se contenta d’écrire sur son album le fameux sonnet.

Arvers subit le charme comme tout le monde et même à un plus haut degré peut-être parce qu’il avait une plaie au cœur que amour seul pouvait guérir. Pour mieux se faire comprendre de la