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C’est absolument, pour me servir d’une comparaison qui fera mieux comprendre ma pensée, comme la langue dont nous nous servons, en quelque sorte machinalement ; cependant c’est la nôtre, et ce n’est pas celle d’un peuple voisin, et le Français n’est pas l’Anglais ou l’Allemand.

C’est-à-dire que l’on voit cela, que l’on saisit les airs de parenté entre les artistes, les écrivains, du siècle de Louis XIV par exemple, entre les romantiques du temps de Victor Hugo, de 1830, des batailles mémorables d’Hernani !

Je pourrais multiplier ces exemples à l’infini, dire qu’il y a des différences de temps, de mœurs, d’ambiance et, en même temps, des airs de ressemblance de race, de traditions, comme dans la longue et noble succession artistique et littéraire des Grecs, des Romains et des races latines contemporaines. Mais alors cela m’entraînerait trop loin, et c’est tout un volume que je devrais écrire sur ces évolutions multiples qui seraient l’histoire même de l’art dans l’humanité.

Il me suffit pour aujourd’hui d’indiquer d’un mot ce phénomène très spécial de l’influence du milieu, du moment, de l’ambiance sur le faire, les procédés, l’exécution matérielle des artistes cherchant à traduire leur pensée et qui se servent d’instrument souvent presque identique et tout à fait à leur insu.

C’est ce qui explique la communauté des procédés dans la première manière d’Édouard Manet, de Carolus Duran, de Corot, de Courbet, pour ne