Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
xii
préface


l’année dernière, dans un article éloquent consacré à la grande mémoire d’Émile Zola, il exprimait la même et généreuse pensée :

«  Zola, disparu en somme, sous l’outrage, dans un misérable abandon de son pays, et après les pires détresses, vient de recevoir, ces jours-ci, la plus belle réparation. Il ne l’avait d’aucune façon prévue, et ceux qui ont pu, comme nous, assister aux dernières années douloureuses de ce grand maître héroïque, peuvent bien fournir, une fois de plus, ce témoignage que tout fut tenté contre lui, pour l’accabler.

Clemenceau, dans ce bref et magnifique discours qu’il est venu, mardi, jeter au Sénat, comme un suprême appel et une proclamation, a fait une allusion rapide à ces « abominables fuites, aux issues du tribunal », à ces sombres jours où Zola, presque chaque fois, littéralement jouait sa vie, à cette guerre engagée par l’esprit solitaire avec l’innombrable chaos des multitudes, à ces péripéties du plus poignant des drames, et à cette immense beauté. Il y eut des heures, en effet, terribles, et l’on doit encore se rappeler ce Paris convulsionnaire, auquel les feuilles antisémites signalaient tous les jours Zola, marqué soudain d’infamie, comme une proie et une victime. »

J’ai connu moi-même ces heures-là, lorsque j’étais le seul candidat républicain à Alger contre l’ignoble Drumont en 1898, et c’est dans ces moments tragiques où l’on a besoin de ce mépris