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Lebas trouva le moyen de se montrer ingénieux et, plus tard, de laisser son nom précisément à une rue du quartier des Grues — c’est une loi d’harmonie.

Tout le monde sait cela, mais en parlant de Louqsor, sans avoir la prétention d’avoir trouvé ma route de Thèbes, comme Alexandre Dumas junior, je ne puis oublier que Karnak était proche et il est tout naturel que j’en parle, ici même, en Bretagne, où j’écris le dit chapitre en ce moment.

Donc, nul n’ignore que l’obélisque de Louqsor est un monument très vieux, très antique, très respectable ; aussi le granit, quelque solide qu’il fût, n’a pas tardé à s’effriter au sommet, sous l’action des pluies et des gelées de notre climat capricieux, de nos cieux incléments.

Pour tout dire d’un mot qui peint bien ma pensée et qui n’est que l’expression de la plus scrupuleuse vérité, du jour où l’infortuné monolithe fut dressé sur la place de la Concorde, il fut atteint d’un rhume de cerveau, d’un coryza chronique et, j’en ai bien peur, tout à fait inguérissable.

Cependant, en dehors même des intérêts supérieurs de la science et de la philologie comparée qui nous indiquent notre devoir et nous disent que nous devons conserver pieusement ce curieux échantillon des hiéroglyphes égyptiens, nous avons, il me semble, encore d’autres obligations non moins impérieuses, envers ce vénérable témoin d’une grande civilisation disparue. Nous avons été l’arracher à son sommeil, peut-être