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Bullier ; c’était plus chic. Je n’oserais pas dire plus collet monté en parlant d’un bal public où les Étoiles avaient aussi pour habitude de se décolleter même par en bas !

— Aoh shoking, sir !

— Et ta sœur !

Un soir de Grand Prix, comme j’étais en train de faire cercle comme tout le monde autour de Valentin-le-Désossé et une Goulue quelconque en fumant un cigare, je vis tout à coup à côté de moi Arsène Houssaye qui flânait là avec un ami, car il avait un faible pour Mabille qui lui fournissait parfois des types curieux pour ses romans.

La valse finie, nous nous mîmes à causer et comme je lui demandais je ne sais plus quelle lettre d’introduction auprès de je ne sais quel directeur d’un grand journal, il me répondit vaguement et puis se ravisant :

— Pourquoi diable aussi cette manie d’écrire, de vouloir être homme de lettres, journaliste, quand il est si simple d’être épicier ?

C’était au lendemain de la guerre, j’étais encore jeune, très jeune même, mais enfin je fus piqué au jeu et le plus naturellement du monde :

— Mais, mon cher monsieur Houssaye, je pourrais vous poser la même question pourquoi n’êtes-vous pas resté meunier comme votre père ?

— Ça n’est plus la même chose.

— Évidemment, puisque mon père, à moi, est un écrivain connu.