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préface


compte pour nul, peut, dès demain, être au pinacle ; l’on a vu de très pauvres hères s’enfler d’argent, et de celui qui eût mendié à mon logis, me voilà heureux d’avoir une aumône !…  »

Il est bien certain qu’aujourd’hui, la soif de l’or a tué le courage civique, surtout dans notre personnel politique.

Cela changera-t-il jamais ? je ne le crois pas, du moins pour le temps présent, car tant que l’humanité gardera ses actuelles passions, elle ne sera guère meilleure et il me semble bien que Saint-Georges de Bouhélier s’illusionne singulièrement lorsqu’il dit, dans un bel élan d’indignation :

«  Et ainsi, nous autres, écrivains, nous aurions bien des torts à signaler, bien des injustices à faire redresser, à l’égard de ces grands parias, encore aujourd’hui tenus comme tels dans les universités Paul Verlaine, Villiers de l’Isle-Adam, Arthur Rimbaud, Mallarmé, et tant d’autres ! Oui, il est temps, comme le disait ici Geffroy, il est temps que les réprouvés aient enfin, chez nous, leur jour ! Que durant leur vie, ils aient fort souffert, qu’ils aient eu à pâtir de mille persécutions, qu’on les ait vus, chus aux défaites et aux grabats, malencontreux de la plus amère débine, que par une espèce d’infortune préétablie, et comme en vertu de leur génie même, on ait pu les croire appelés aux détresses, aux ignominies, il n’y a rien là, après tout, que de normal. Et sur ces douloureuses misères de