Jusqu’ici, nous n’avons envisagé le sabotage que comme un moyen de défense utilisé par le prolétariat contre le patron. Il peut, en outre, devenir un moyen de défense du public contre l’État ou les grandes compagnies.
L’État — à tout seigneur tout honneur ! — en a déjà pâti. On sait avec quelle désinvolture il exploite les services publics qu’il a englobés. On sait aussi que les voyageurs du réseau de l’Ouest sont, entre tous, les plus mal lotis. Aussi, à bien des reprises, un vent de colère a-t-il passé sur eux et il y a eu alors, en une crise de révolte, fusion des classes contre l’État maudit.
Nous avons assisté à un rude sabotage de la gare St-Lazare… mais ce ne fut qu’un geste d’exaspération impulsif et momentané.
Or, voici qu’un syndicat de « défense des intérêts des voyageurs » vient, à fin août dernier, de se constituer et, dès sa naissance, convaincu de l’inanité des moyens légaux, il a (dans une réunion tenue à Houilles) affirmé sa volonté de recourir, pour obtenir satisfaction, à tous les moyens possibles et imaginables et s’est déclaré partisan d’un sabotage intensif du matériel.
C’est preuve que le sabotage fait son chemin !