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de demain de la même façon que celui d’hier.

Mais était-il heureux, mon Eugène, avec sa liberté, sa florissante jeunesse et ses conquêtes dignes d’envie ? Au fond de la coupe enivrante de ses festins, trouvait-il le contentement ?


Non ! ses sens bien vite s’étaient émoussés ; les bruits du monde ne lui apportaient plus que lassitude et ennui ; bien vite le culte de la beauté avait cessé d’occuper ses pensées. Lorsqu’il ne pouvait plus arroser de champagne les beefsteaks et les pâtés de Strasbourg, lorsqu’il ne pouvait plus se répandre en saillies, lorsqu’il sentait sa tête lourde, son cœur triste, alors les amis et l’amitié le fatiguaient. Enfin, Eugène, le hardi viveur, avait même fini par trouver insipides les bruyantes querelles, les coups de sabre et les pistolets.


Cette maladie dont il serait temps de découvrir les causes, et qui ressemble au spleen anglais, la handra[1] russe, pour l’appeler par son nom,

  1. Pourquoi ne pas dire la handra russe, comme l’on dit le spleen anglais ?