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avec indulgence ses petites fautes et le menait promener au jardin d’Été.


Quand vint la jeunesse impatiente de tout frein, l’heureux temps des espérances et des tendres soucis, le précepteur fut congédié, et Eugène entra en possession de sa liberté. Habillé comme un fashionable, les cheveux coupés à la dernière mode, il se lança dans le monde. Il parlait et il écrivait parfaitement le français, dansait avec grâce la mazourka, saluait avec aisance. — Que voulez-vous de plus ? — Le monde décida qu’il était spirituel et charmant.


En Russie, nous apprenons un peu de toutes choses, aussi ne nous est-il pas difficile de briller dans les salons. Au jugement de beaucoup d’hommes sévères et justes, Eugène avait de l’instruction, mais aussi beaucoup de pédanterie. Il avait le don d’effleurer tous les sujets de conversation, de garder le silence dans une discussion, en homme qui connaît ce dont il s’agit, et de provoquer le sourire des dames par le feu de ses épigrammes inattendues.


Le latin n’est plus de mode aujourd’hui ; j’a-