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famille. Hélas ! il me sera impossible de sortir avec vous : c’est à peine si je mets un pied devant l’autre ! Mais vous êtes fatiguées du voyage ;… allons nous reposer. Mon Dieu ! je suis à bout de forces ! J’ai la poitrine bien malade !… La joie maintenant m’est aussi difficile à supporter que la douleur… Ma chère amie, je ne suis plus bonne à rien !… Que la vie est triste dans la vieillesse ! » Alors, se sentant défaillir, la princesse eut une quinte de toux et ne put retenir ses larmes.


Ces caresses et cette joie touchèrent Tatiana mais sa nouvelle demeure lui déplut ; elle regrettait sa petite chambre, elle ne pouvait dormir sous les rideaux de soie de son nouveau lit. Le son matinal des cloches qui annonce, dès l’aurore, la reprise des travaux, lui fait quitter sa couche. Elle s’assied à la fenêtre, et lorsque la lumière du jour paraît ce ne sont pas ses champs paternels qui frappent ses regards, mais une cour inconnue, une écurie, un cuisine et une haie.


Tous les jours on conduit Tatiana à des dîners de famille où elle montre aux grands parents sa langueur distraite.