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Les premiers rayons du jour la trouvent déjà dans la campagne ; elle fixe sur la nature qui l’entoure un regard attendri :

« Adieu, paisibles vallées, et vous, sommets de mes montagnes, et vous, forêts bien connues ! Adieu, ciel azuré, adieu, joyeuse nature ! Je quitte le petit coin de terre, si paisible et si cher, pour une ville bruyante et frivole ! Adieu, toi aussi, ma liberté… Mais pourquoi donc fuir ces lieux ? Où vais-je ? que me réserve le sort ?… »


Elle prolonge ses promenades. Tantôt c’est un ruisseau, tantôt c’est une colline qu’elle contemple. Elle se hâte de s’entretenir avec les bois, les plaines et les ruisseaux, comme avec d’anciens amis que l’on doit bientôt quitter.

Mais l’été a passé rapidement — l’automne avec sa robe d’or est venu ; la nature est pâle et tremblante, somptueusement parée, comme une victime avant le sacrifice. Le vent du Nord pousse les nuages et souffle dans les bois avec violence ; — l’hiver se fait pressentir.


Il arrive enfin avec tout son cortège. Il tombe, il se suspend en flocons sur les branches des chênes,