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vait ces vers que nous appelons romantiques (je ne sais trop pourquoi). — Lorsque le jour commença à poindre, il s’était assoupi doucement en traçant le mot idéal. Mais à peine a-t-il goûté les charmes du premier sommeil que son voisin entre dans le cabinet silencieux et le réveille. « Il est temps, » dit-il, « sept heures vont sonner ; sûrement Onéguine nous attend déjà. »


Il se trompait ; Eugène, dans ce moment, dormait d’un sommeil de plomb. Les ombres de la nuit disparaissent, l’étoile du matin est saluée par le chant du coq, et Onéguine dort profondément. Le soleil est déjà haut sur l’horizon, la neige tourbillonne et brille, Eugène n’a pas encore quitté son lit, ses paupières restent appesanties. Enfin, il ouvre les yeux, soulève le rideau, regarde, et voit avec dépit qu’il devrait être parti depuis longtemps.


Il sonne. Son domestique, le français Guillot, s’empresse de lui apporter la robe de chambre et les pantoufles. Onéguine s’habille à la hâte, il ordonne à Guillot de se tenir prêt à partir et de prendre sa boîte de pistolets. Le traîneau est prêt. Eugène s’y assied et vole au moulin, lieu du rendez-vous.