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des dames ! Sur vos traces étroites, ô petits pieds chéris, je me suis trop longtemps égaré ! Trahi par ma jeunesse, il est temps de devenir plus sage, de perfectionner mes travaux et mon style, et de purger mon cinquième chapitre de digressions.


Comme le sang bouillonne dans de jeunes artères, ainsi la valse s’élance et tourne, uniforme et frénétique. Un couple succède rapidement à un autre ; ils passent comme emportés par un tourbillon.

Onéguine voit approcher le moment de la vengeance ; il rit sous cape et s’approche d’Olga, il lui fait faire un tour de valse, puis il s’assied près d’elle, et commence à causer : deux minutes se passent, et la valse les emporte de nouveau dans son vol circulaire. Tout le monde s’étonne : Lensky n’en croit pas ses yeux.


La mazourka commence. — Jadis, quand l’on dansait la mazourka, tout tremblait dans l’immense salle. Le parquet craquait sous les talons éperonnés des danseurs, les vitres vibraient. Maintenant ce n’est plus cela ; cavaliers et dames glissent sans bruit sur le parquet luisant. Dans les petites villes seulement et dans les châteaux cette danse a con-